Bienvenue chez les flics

La scène se passe dans un hall d’immeuble. Immeuble banal à Calais. Bienvenue chez les Ch’tis. Enfin, pas tant que ça.

Simon ramène Bilal chez lui. Le premier est un maître nageur avec un peu de bide et la voix essoufflée de nicotine. Du genre à se laisser aller depuis que sa femme est partie. Le second est un immigré clandestin qui vient d’Irak et qui voudrait nager jusqu’à l’Angleterre où l’attend sa belle. Mais pas de misérabilisme pathos ni de militantisme pataud. Juste de brèves scènes sobres et précises comme celle-ci.

Au moment où ils passent la porte, donc, le voisin d’en face sort. Sur son paillasson, il est écrit « Welcome ». Un mensonge. Sa référence à lui, ce n’est pas Danyboon, ce serait plutôt Pétain. Il menace d’appeler les flics. Ces gens-là, les sans papiers, ça transporte « la gale », selon lui. Et puis viennent les sous entendus merdeux. « Et je sais pas ce que vous fricotez tous les deux, mais ça a l’air louche ». Non, c’est vraiment pas Bergue, sa référence, c’est plutôt Outreau.

Mais Lindon, superbe d’humanité, ne se laisse pas faire et lui impose ses épaules bien bâties, le fait rentrer dans sa tannière, dans son trou à rat. Où, à l’abri, le type ne manquera sans doute pas d’appeler les flics.

Eric Besson reprochait à Lioret des amalgames entre la situation des clandés et celle des Juifs en 1943. C’est vrai qu’on a tort de comparer les deux. Mais dans cette scène, il n’y a rien qui sonne faux. Et il y en a un, qui aurait vraiment pu être collabo.

Welcome, de Philippe Lioret. Avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi. Trois étoiles.

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