Une bouteille à l'amer
La scène se passe dans une chambre de l’institut de désintox. Deux malades alcooliques dorment. Hervé, pas loin de la sortie, pas loin de la confrontation avec dehors. Et Pierre loin de la sortie à cause de trop de rechute. Pas loin de la mort. Tout près. C’est l’excellent Vuillermoz qui lui prête ses traits de clown tristes, de grand gaillard indomptable.
Donc il roupille. Soudain, il remue sur son lit. Des cris étouffés se cognent à ses lèvres. Cauchemarde-t-il ? Non, il se lève d’un bond. Porte la main à sa bouche, comme s’il allait vomir, comme s’il allait payer le prix d’une grosse cuite. En fait, il raque pour toutes : ce n’est pas du vomi, c’est du sang, qui explose et vient éclabousser la salle de bains. Le grand gaillard dégringole, secoué par les spasmes. Le cœur de Pierre meurt.
Scène choc qui débarque sans crier gare. Comment ça meurt un malade alcoolique ? Comme ça, par exemple. C’est direct, sans fard comme ce film, d’une belle sobriété, allais-je dire.
Le dernier pour la route, de Philippe Godeau. Avec François Cluzet, Mélanie Thierry. Trois étoiles.