La classe américaine

La scène se passe dans le salon d’une maison. Quartier résidentiel américain à forte population immigrée. D’ailleurs, Walt Kowalski (Eastwood) est le seul blanc au milieu d’une famille asiatique. La peur règne dans la demeure. Pourtant, le vieil homme n’est pas là pour venger le soldat tueur de « face de citron » qu’il était en Corée. Non, il est là en tant qu’ami, réconcilié, débarrassé de son racisme. Et il tremble aussi.

La porte s’ouvre et les inquiétudes se transforment en drame. C’est Sue, jeune femme, qui rentre, le visage tuméfié, défiguré, du sang coulant sur ses jambes. Elle vient de se faire massacrer par un gang du coin, au cours d’un règlement de compte.

Le visage d’Eastwood se crispe de colère et de douleur. La victime est son amie. A sa manière de tordre sa bouche, on revoit l’inspecteur Harry, Dirty Harry, monsieur Karcher avant l’heure qui soutenait la loi du talion plutôt que celle de la société. Va-t-il persister dans cette voie ?

C’est toute la question. La réponse ne surprendra pas ceux qui ont vu Mystic River (2003), chef d’œuvre au message similaire et qu’on peut préférer de peu à celui-ci, plus linéaire.

Mais on admire quand même car Eastwood ne dit pas seulement adieu au personnage de facho qui lui apporta le succès dans les années 70. Regardez ses rides, son visage parchemin, ses bras effilés, son corps fantomatique. Il dit adieu au public aussi. Avec classe.

Gran Torino, de Clint Eastwood. Avec Clint Eastwood, Bee Vang.Trois étoiles.

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