Frontières

Ca se passe dans les toilettes d'une usine. On ne sait pas exactement où elle est située, sans doute pas loin de la frontière française. Des prolos, des pauvres, des immigrés clandestins bossent là. Comme Elias, qui a traversé la méditerranée avec Paris dans l'objectif. Il en veut. Il travaille vite et bien. Si bien et si vite que l'un des travailleurs l'attrape par la manche et l'emmène dans ces toilettes.

« Ils t'ont promis des papiers? » lui demande-t-il à propos de ses employeurs. « Tu les auras pas ». Elias accuse le coup. Ce  n'est pas fini. « Demain, ils embaucheront des "chinetoques" à ta place qui feront le même boulot que toi pour moins que toi. Et t'auras beau bosser aussi vite, ça n'y changera rien ».

La scène d'après, Elias fera une révolution à son échelle en débarquant au self et en balançant les plateaux dans la gueule des vigiles.

C'est vrai qu'il est aussi beau que Che Guevara, on pourrait imprimer son visage d'éphèbe sur des T. Shirts. D'ailleurs, la moitié des personnages qu'il croise dans le film, hommes et femmes, ont envie de le violer. Lui l'immigré pur, eux les occidentaux un peu sales. Costa-Gavras franchit la ligne du manichéisme plusieurs fois. Mais dans cette scène des toilettes, au moins, il n'oublie pas de parler d'une abolition des frontières qui n'a rien de romantique et rien de fraternel: celle de la globalisation économique qui finira par jeter les prolos...aux chiottes, justement.

---

Eden à l'ouest, de Costa Gavras avec Ricardo Scarmaccio, Ulrich Tukur. Deux étoiles.

Plus d'infos sur ce film